Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

giers du moyen-âge, suppléait à l’inhabilité du ciseau et tournait leurs gaucheries en séductions.


I


Une histoire détaillée des calvaires bretons mériterait bien de tenter nos érudits locaux, les Abgrall, les Kerviler, les Fouéré-Macé, les Louis Monnier et les Guillotin de Corson : ils y trouveraient, sur nombre de points, où exercer leur sagacité coutumière. On ne sait presque rien de ces monuments : leur origine est un mystère ; leur chronologie même est incertaine. Pour quelques-uns sans doute qui appartiennent à la fin du XVIe siècle et au commencement du XVIIe (Guimiliau, Plougastel, Saint-Thégonnec, etc.), les dates sont connues et ne prêtent à aucune contestation. Mais il n’y a que trouble et confusion pour la plupart des calvaires du premier cycle (Plougonven, Runan, Kergrist-Moëllou, Tronoën-Penmarc’h et Lanrivain). Autant d’auteurs, autant de dates. Pour Kergrist-Moëllou, les plus prudents s’en tiennent à un chiffre vague — vers 1560[1] ; pour Lanrivain, on donne tour à tour 1548 — Hamonic —[2] et 1551 — Jollivet. — L’écart n’est pas très sensible ; mais il est considérable pour le calvaire de Plougonven, qui serait de 1606 d’après le savant abbé Abgrall et que le non moins

  1. La date exacte de son érection, autant que je l’ai pu déchiffrer sur une des faces du monument, est rapportée dans cette inscription : « En l’an 1578, ceste fovel (? ?). »
  2. C’est M. Hamonic qui est dans le vrai. M. le Men, recteur de Lanrivain, a bien voulu relever pour moi l’inscription du