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sur tout ce qui regarde l’interprétation de l’antiquité et il est fort possible que Hamon, de cette même antiquité, n’ait vu que le côté pittoresque, anecdotique et frivole. Cela tient à ce qu’il ne s’éleva jamais plus haut que les alexandrins. Prenons-le donc pour ce qu’il a été surtout : un précurseur. L’honneur encore ne serait pas petit et, s’il n’y avait quelque pédanterie à trancher ici du critique, j’appuierais volontiers sur les services que Jean-Louis Hamon rendit à l’art contemporain en le ramenant aux pures sources de l’hellénisme. Mais il m’a paru plus intéressant d’insister sur les origines populaires de l’auteur de l’Amour en visite et des Vierges de Lesbos, de rechercher comment s’était formée sa conception de l’antiquité, par quelles analogies de tempérament ce petit rôdeur des grèves armoricaines s’était découvert tout d’un coup le contemporain de Moschus, de Bion et des poètes de l’Anthologie. Voilà vraiment le phéno-

    voyage en Bretagne et il ne manqua pas de rendre visite au vieux curé de son village qui manifesta sa joie de le revoir en l’embrassant à plusieurs reprises. On causa. Hamon raconta ses débuts, ses travaux, ses succès… Le brave prêtre écoutait, ravi. Tout à coup il fouilla dans sa poche, en tira une pièce de vingt sous et, la mettant dans la main de Hamon, lui dit : « Tiens, c’est pour toi. » L’artiste, quelque peu interloqué, ne savait que répondre. « Oui, reprit le curé… C’est pour t’acheter des noix. » Quand il racontait cette histoire, Hamon avait les larmes aux yeux. Il conserva pendant de longues années la pièce de vingt sous du vieux curé, car elle lui rappelait une des plus douces en même temps qu’une des plus intenses émotions de sa vie. »