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Byzance et l’Ionie. Celto l’y relança et y enfanta Britto, qui donna son nom aux Celtes du continent et des îles. Hamon, vraisemblablement, ne connaissait à cette époque ni Britto, ni Celto, ni Héraclès ; il ignorait jusqu’au nom du pays de l’Été ; il ne savait pas qu’une tradition mystérieuse l’assigne à la race bretonne pour berceau. Et, quand il l’aurait su, je conçois ce qu’il y aurait d’excessif à prétendre que quelques globules d’hellénisme, miraculeusement conservés, parlaient plus haut en lui que tout le sang de sa parentèle immédiate. Il n’en est pas moins vrai qu’en notant comme un des traits les plus originaux d’une certaine classe de Bretons « leurs promptes familiarités avec la Grèce », Sainte-Beuve a peut-être dégagé le sens exact du vieux mythe et révélé du même coup le secret de la vocation d’un Jean-Louis. Peut-être aussi, comme l’insinue Henri du Cleuziou (car le cœur eut pour le moins autant de part que l’esprit dans cette métamorphose du jeune artiste), ses yeux s’étaient-ils arrêtés complaisamment, à Lannion, sur ces sveltes artisanes de la Venise bretonne, « au fin profil, aux mains fluettes que l’on rencontre le dimanche, errant trois par trois sous les arbres de l’Allée Verte, à l’ombre des grands ormes du Quai-Planté ou sur la longue levée qui côtoie le Guer ». Lannion fut célèbre de tout temps par la grâce éveillée de ses femmes. Celles de Buzulzo surtout — le principal faubourg ouvrier de la ville — ont un type de beauté qui n’appartient qu’à elles. N’y cherchez point le savoureux modelé, les lignes opulentes, les chairs incarnadines et lustrées, durable honneur de la Vénus kernévote.