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vigne et fructifie, comme en son terroir naturel, l’étrange et plaisante race des « bardes-coureurs-de-pays ». Encore que leur confrérie ait bien perdu de sa splendeur et de sa cohésion, ces descendants authentiques de Lywarc’h-Henn et de Gwic’hlan continuent de faire les beaux jours des « aires neuves », des « pardons » et des aguilées. Sans doute nous n’avons plus rien en Bretagne qui rappelle les célèbres collèges bardiques de Clogher, d’Armagh, de Lismore et de Tara. Nos rapsodes nationaux ne vont plus vêtus du cotaigh à manches jaunes, la rhote agrafée à la ceinture. Ils ne sont plus nourris aux frais de l’État, « avec un logement particulier, un cheval donné par le roi, un habit fourni par la reine, une terre libre et un dixième dans le butin du clan ». Et même, s’il fut un temps où ils jouirent de ces privilèges en Bretagne, ce ne put être qu’à l’époque des premières migrations cambriennes et iroises. Les seuls noms de bardes proprement armoricains[1] qui soient parvenus jusqu’à nous sont ceux de saint Hervé et du Cadiou mentionnés par le cartulaire de Quimperlé. Le moine de Saint-Gall parle aussi d’un ménestrel ambulant de la

    veilleuses, anecdotiques. Les soniou, c’est la poésie lyrique : chansons d’amour, chansons de kloer ou clercs, chansons satiriques, comiques, de noces, de coutumes, etc. »

  1. Taliésin, Gwic’hlan, Aneurin et Lywarc’h-Henn, qu’on cite souvent comme des bardes armoricains, sont des bardes gallois qui vécurent et moururent probablement dans leur patrie. Hyvarnion, saint Sulyo, saint Ratian, etc., rangés comme eux parmi les bardes armoricains et qui passèrent du moins une partie de leur vie en Bretagne, naquirent de même outre Manche.