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LE BARDE DU DINER CELTIQUE

« Les cloches, au pays, gémissaient ; — les échos disaient aux alentours : — « Qui vient d’être mis dans sa tombe ? » — Et, avec une chanson de douleur, — notre douce mère la Bretagne, assise sur un tertre, — a été vue, en ses bras, tendrement — berçant un pauvre corps défunt : — « Celui qui m’a tant aimée, — jamais je ne l’abandonnerai à l’oubli… »


I


Narcisse Quellien était né le 27 juin 1848, sur la lisière du pays de Goëlo, dans la Bretagne trégorroise, à la Roche-Derrien ou de Rien, comme orthographie naïvement Michelet. Et l’enfant, « de pauvre estrace », n’eut guère « de quoi » en effet. Je pense qu’il s’est peint lui-même dans ce petit Trolann des Contes du pays de Tréguier que M. le recteur (lisez : le curé) avait distingué « à sa voix d’argent et qui, dans le chœur de la vieille église romane, chantait les motets aux grandes fêtes carillonnées ». Ce bon ecclésiastique le prit en affection et lui obtint une bourse au petit séminaire de Tréguier. L’enfant y mena la vie des écoliers pauvres de Bretagne, nourri de taloches, de patates et d’eau claire et n’ayant en propre, pour ses études, qu’une grammaire latine dont lui avait fait cadeau la mère de sa petite amie Mona. Il n’était pas « au bout de ses humanités » quand mourut le