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LA LANGUE ET LES BARDES


La vraie Bretagne — la Bretagne bretonnante — commence vers Plouha et finit sur le versant de l’Atlantique, non loin de l’embouchure de la Vilaine. Tracez une ligne suffisamment flexible du premier de ces points à l’autre : tout le pays à l’ouest parle breton ; le pays à l’est parle français ; c’est le pays gallo, dénomination vaguement méprisante et que justifie l’abominable patois en usage dans le peuple des campagnes.

Il y aurait fort à dire pourtant sur le breton lui-même, corrompu tous les jours par l’apport des mots étrangers que charrient l’école primaire et la conscription. Les « celtistes » lèvent les mains au ciel ; ils n’en peuvent mais. Des quatre dialectes principaux parlés dans les Côtes-du-Nord, le Finistère et le Morbihan, c’est encore le léonais qui s’est le mieux conservé. Non qu’il soit le plus littéraire ni le plus riche en traditions et en légendes de toutes sortes. Il faut réserver la palme au pays de Tréguier, que le regretté Luzel appelait justement l’Attique de la Basse-Bretagne. C’est là que vous entendrez, aux veillées, les plus jolies sônes, les gwerz les plus émouvants[1] ; là pro-

  1. « Les gwerziou, dit Luzel dans ses Chants populaires de la Basse-Bretagne comprennent les chansons épiques, qui peuvent se subdiviser en chansons historiques, légendaires, mer-