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Qu’en dépit de votre abandon
Avec moi toujours je le porte.

Les lettres vont croissant, hélas !
Comme les chiffres que l’enfance
Incruste en riant aux éclats
Sur un arbuste sans défense.

Ne s’occupant plus de son sort,
On voit partir la troupe folle ;
Mais quelque jour, dans l’arbre mort,
On trouve l’empreinte frivole…

L’expression est un peu flottante sans doute, mais il est certain que ces jolis vers valaient d’être conservés. À la place de la marquise de P…, je les aurais appris par cœur, avec quelques autres qui les égalent, et j’eusse oublié le nez de mon correspondant pour ne souvenir que de ses madrigaux.

Étrange destinée cependant que celle d’Hippolyte Lucas ! Ce polygraphe a tout abordé, tout traité, entassé les articles sur les articles et les livres sur les livres. Durant trente années consécutives, sans une semaine de répit, il a « tenu » la critique dramatique et littéraire au Siècle ; on lui doit une Histoire du Théâtre français qui ne comprend pas moins de cinq ou six tomes ; ses romans ne se comptent plus depuis la Pêche d’un mari jusqu’à Madame de Miramon ; à la scène, il se montre un des adaptateurs les plus féconds du théâtre étranger, d’où il tire tour à tour les Nuées, Alceste, le Tisserand de Ségovie et de nombreux livrets d’opéras et d’opéras-comiques parmi lesquels cette Lalla-Rouckh, le chef d’œuvre musical de Félicien David ; Larousse se l’associe pour son dictionnaire : c’est presque la gloire ! Ne nous révélait-on pas enfin, il y a quelques jours,