cents échanges se bornèrent d’ailleurs les relations du poète et de la jeune veuve. Celle-ci se remaria dans la suite avec le marquis de P… et ne connut que plus tard, quand l’âge avait neigé sur ses tempes, les vers qu’Hippolyte Lucas avait composés pour elle et qui viennent de reparaître dans la nouvelle édition des Heures d’amour.
« Je ne suis plus belle, lui écrivit-elle en façon de remerciement ; ce que j’ai conservé, ce sont tous mes souvenirs de jeunesse. S’ils ont perdu leur fraîcheur, ils ont du moins gardé pour moi un parfum très doux encore. C’est vous dire, Monsieur, que, si j’ai lu vos vers en souriant, comme s’ils étaient adressés à une autre, je me suis dit : Et pourtant, c’est à moi ! ».
Ne trouvez-vous point un vrai charme à cet épilogue du plus chaste et du plus ingénieux des romans d’amour ? C’est quelque chose comme le sonnet d’Arvers avec un post-scriptum. En l’espèce, je le sais, il s’agissait de bien pis que d’un sonnet, puisqu’à la dame de ses pensées Hippolyte Lucas avait dédié tout un volume de vers. Les Heures d’amour parurent en 1844 ; quelques exemplaires, à l’état d’épaves, s’en rencontraient encore dans les boîtes des bouquinistes. Personne n’en prenait cure. Sans la piété de M. Léo Lucas, le naufrage était consommé. Le poète n’eut pas été seul à y perdre et nous y aurions perdu autant que lui. Je n’en veux pour preuve que cette petite élégie intitulée Votre Nom et qu’on dirait traduite de Méléagre :
Dans mon cœur reste votre nom,
Gravé d’une empreinte si forte