Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est le même tour d’imagination, le même œil visionnaire servi par une langue d’un métal aussi riche parfois ; c’est la même passion démocratique, la même flamme généreuse et naïve : mais quand, chez Michelet, la flamme est d’un seul jet et ne s’arrête point de brûler, elle n’est qu’intermittente chez M. Réveillère. De là ces oscillations, ce perpétuel jeu de bascule de sa pensée, tantôt dans les nuages, tantôt humiliée et comme à ras de terre, ces crises d’idéalisme et ces réveils mornes, désenchantés.

Mais qu’ai-je à tant chercher pour définir M. Réveillère ? C’est un Celte, c’est le Celte pur, sans mélange, — l’Autarchiste fabuleux qu’on croyait disparu avec les ichtyosaures et les mégathérions. Les temps sont proches ; l’astre des Latins pâlit ; la terre gauloise rend ses morts, suivant la prédiction d’Henri Martin.