Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tant de fois cité de ce chien d’un conseiller du Parlement de Bretagne, lequel, pour avoir mangé du raisin de Rhuys, « aboya le cep de vigne, comme protestant se venger de telle aigreur qui jà commençoit lui bouillir le ventre ». Il y a aussi dans le génie de Lesage quelque chose de la verdeur du vignoble morbihannais. Comme lui, il est un accident de végétation, un phénomène de réalisme expansif et vivace au milieu de cette nature bretonne grave et concentrée et qui ne s’illumine qu’au contact du divin. Ne gardons point rancune à Lesage de ne s’être point souvenu qu’il était Breton ou concevons avec lui une Bretagne différente de celle qui s’est cristallisée en nous, une Bretagne qui aurait tant de traits communs avec la Touraine ou la Provence qu’elle ne serait plus la Bretagne. Et c’est de cette Bretagne-là que fut profondément Lesage.