doctrines qu’elle professait ; jusqu’au bout et quand elle se croyait le plus dégagée du passé, elle confessa involontairement la foi dont elle était sortie et sans laquelle on ne saurait l’expliquer entièrement. Sur ce caractère de haute spiritualité d’Henriette Renan, il serait téméraire d’insister après les pages du grand écrivain. Peut-être même ne convenait-il point d’appuyer aussi fortement sur les rencontres singulières qu’Henriette nous offrait avec l’âme des émigrants de sa race. Le phénomène le plus intéressant et quelquefois aussi le plus attristant de cette âme est dans la modification profonde de ses sentiments religieux, dans sa renonciation spontanée et quasi farouche à toute forme cultuelle de l’idée divine ; mais sur le caractère même de ce phénomène, sur le sourd travail qui le prépare, il est malaisé de se prononcer autrement que par hypothèses. Les faits de conscience échappent à l’analyse et sont souvent inexplicables pour ceux-là mêmes en qui ils se sont manifestés le plus vivement.