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nant, l’étape extrême et dernière de son évolution philosophique. Elle ne sera pas moins précieuse pour la connaissance intime du caractère d’Henriette. Dès aujourd’hui pourtant et sur le dessin d’une infinie délicatesse qu’Ernest Renan nous a tracé de sa sœur, on peut essayer de retrouver les traits les plus subtils et souvent les plus imprévus d’un type particulier de femmes que leur éloignement du monde et leur réserve naturelle ont gardées de tout temps contre la curiosité des psychologues. C’est dans l’âme féminine surtout qu’apparaît la profonde originalité de la race celtique. Nous avons en Henriette Renan un exemplaire supérieur et quasi parfait de la Bretonne, dans son milieu natal d’abord et telle ensuite que la développe ou l’étiole, suivant les cas, sa transplantation dans un milieu étranger.

Henriette Renan était d’une taille un peu au-dessus de la moyenne. Gracile et de sang pauvre, elle n’eut qu’une courte fleur de jeunesse. « Les personnes qui ne l’ont connue que tard, dit son frère, et fatiguée par un climat rigoureux, ne peuvent se figurer ce que ses traits avaient de délicatesse et de langueur. Ses yeux étaient d’une rare douceur ; sa main était la plus fine et la plus ravissante qui se pût voir. » S’il est permis d’ajouter à ce caressant pastel, je dirai qu’au témoignage des personnes qui l’ont connue alors, Henriette Renan, sans être précisément belle ni même jolie, dégageait un charme extrême. Tout en