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qui, au commencement du siècle, n’osaient se compromettre en prononçant le mot de confessionnal », on le vit, l’heure venue, qui n’hésitait pas à publier le nom de son directeur, l’abbé Seguin, prêtre de Saint-Sulpice, celui-là justement à qui est dédiée la Vie de Rancé et qui lui en avait inspiré l’idée.

Jusqu’au bout et avec ses amis comme avec le public, il ne déguisa rien de ses sentiments religieux. De Néris, où il était allé prendre les eaux, il écrit à Mme Récamier qu’il faut qu’il la quitte « pour entendre la messe ». La lettre est de 1841 : des bruits fâcheux couraient sur la santé de Chateaubriand ; on imprimait tout vif qu’il avait été victime d’un accident de voiture. Pure invention, mais sa santé n’en était pas moins atteinte grièvement. Ses pieds et ses mains étaient presque paralysés ; il ne pouvait même plus écrire directement, comme autrefois, à Mme Récamier : « J’ai voulu faire disparaître le tiers entre vous et moi ce matin, lui faisait-il dire le 9 août 1841. J’ai essayé d’écrire quelques mots, ils sont illisibles. » Le traitement qu’il « subissait » à Néris ne lui faisait aucun bien. « On m’a frotté les mains et les pieds, en attendant les bains, avec une espèce d’herbe qui croît au fond des sources. Cela ne m’a fait ni bien ni mal. J’espère sortir d’ici plus incrédule en médecine que je ne l’ai jamais été ». « Les eaux et les médecins me sont odieux, mandait-il un autre jour à sa correspondante. Cette grande chaudière, que le diable fait perpétuellement bouillir et où l’on puise de l’eau chaude pour les remèdes et pour la cuisine, me gâte tout. Il me semble que nous avons pour cuisinier un phar-