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ger encore mon livre d’une dissertation qui n’aurait que peu de rapport avec le titre que lui a choisi l’éditeur et dont j’entends, du reste, lui laisser la pleine responsabilité ? Nous reprendrons la conversation un autre jour, mon cher Félix. Elle n’était pas à sa place céans : non erat hic locus, comme eût dit notre vieux maître, le défunt père Pollard, grand chasseur devant l’Éternel et professeur de rudiment latin par occasion. Le brave homme, je crois, n’était point bachelier ; mais il ne manquait pas de judiciaire ; il avait coutume de dire qu’il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, qu’il y a temps pour chaque chose et il m’eut mis en garde contre une dédicace qui menaçait de tourner à l’homélie.

Le péril est conjuré. Voici mon livre, ami, disputatione nudus, pour parler toujours comme le père Pollard. Il manque un peu de méthode ; c’est un défaut assez fréquent dans les recueils d’articles. Tel quel, même si l’esprit devait t’en déplaire par endroits, accepte-le comme un témoignage de ma fidèle et déjà vieille amitié, comme un gage aussi de notre commun amour pour la Bretagne, comme l’expression enfin, et si insuffisante soit-elle, de ma profonde admiration pour ton œuvre de savant et de philosophe, — l’une des plus hautes et des plus originales de ce temps.