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Le varadek, je crois, est spécial au pays de Lannion[1]. Il y a cependant quelques coutumes, plus générales, qu’on retrouve, avec des variantes sans importance, dans les quatre diocèses : ainsi la coutume du bazvalan et du breutaer, poétiques entremetteurs chargés par les fiancés des préliminaires de la demande en mariage, et la coutume de la Soupe au lait, que Brizeux a popularisée dans une ballade célèbre :

Chantons la soupe blanche, amis, chantons encor
Le lait et son bassin plus jaune que l’or…

Ce que ne dit point le poète, c’est le mélange de sérieux et de gaieté qui accompagne cette petite scène : les nouveaux mariés sont au lit. Sur un plateau,

    dant en coups de pioches et en hymnes d’église. Une fois la lande défoncée, les travailleurs, après un substantiel repas de soupe aux crêpes et de kik-saesson (viande salée), arrosés de cidre et d’eau-de-vie, se rendent sur une garenne voisine où les jeunes filles de la paroisse les ont déjà précédés. Chacune des jeunes filles arbore à son corsage un bouquet de fleurs en papier peint acheté à la ville. La fille aînée du fermier, qui est de droit la reine de la fête, est aussi parée du plus beau bouquet. Les unes et les autres se placent sur un seul rang, à l’extrémité de la garenne. Les travailleurs, pieds nus, en corps de chemise, se placent à l’autre extrémité. Puis, sur un coup de fusil ou de pistolet servant de signal, tous s’ébranlent vers les jeunes filles et c’est une course folle dont le bouquet de la reine est l’enjeu pour le premier vainqueur et dont les autres bouquets servent à récompenser les arrivants du deuxième tour. Bien entendu, la fête se termine par des danses et des chansons. Il n’est point sans elles de bon varadek.

  1. On le connaîtrait également dans le pays de Callac, mais sous le nom de plomadek. (Communication de F. Le Dantec.)