Dans tous les autres mots où l'e muet suit une
voyelle accentuée, il ne peut ni compter comme syllabe,
ni former diphtongue avec la voyelle qui précède ;
il doit être élidé, ou prendre place à la fin du
vers :
Aussitôt qu’à porté(e) il vit les contestants.
Mais sans argent l’honneur n’est qu’une maladi(e).
Il en résulte que les mots où cet e muet est lui-même suivi de s ou de nt (aimées, croient) ne peuvent trouver place qu’à la fin du vers, puisque l’élision est impossible :
L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies,
Dont le vol menaçait ses blanches bergeries.
Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient ;
Leur courage renaît, et leurs terreurs s’oublient.
Ces règles sur l'e muet n’ont pas été faites tout d’un coup ; elles se sont introduites peu à peu dans notre versification et probablement à partir du XVIe siècle. Au moyen-âge, l'e muet non élidé comptait dans la mesure du vers, quelle que fût sa place dans le mot.
Par maltalent tint l’espé-e d’acier.
Les quatre parti-es du monde.
Exilé-e de France et d’autres lieux.