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marie le franc

des grandes nattes, qui reste épinglée à l’oreiller, Le voilà à genoux, sanglotant, demandant pardon, la tête sur le sein de Jeannine, l’étouffant de son remords. Le coup de révolver a été pour ses nerfs la meilleure décharge.

Le lendemain, visite de Bobette. Visage de madone, longs yeux peints, gants blancs. Elle vient aux nouvelles. On dirait qu’elle a entendu le coup de révolver. Jeannine la reçoit dans la chambre de son mari qui vient de partir. Il n’y a que là qu’on soit tranquille pour causer. Bobette s’épanche. Ah ! Théo l’a fait bien souffrir par son mauvais caractère, ses exigences, sa tyrannie, sa jalousie. Il la compromet. Elle ne veut plus le voir. Mais elle a peur de lui. Jeannine, qui est si bonne, ne pourrait-elle le calmer, le garder, l’empêcher de faire des bêtises ? Pauvre Bobette ! À la fin de l’entrevue, elle sanglote, la tête sur l’épaule de Jeannine. Jeannine pense que la vie est cocasse.


Elle est un peu soulagée. Son mari vient de se mettre en ménage avec Germaine Anquetil, une fille sérieuse qui lui a tenu longtemps la dragée haute. Une âme délicate aussi. Elle savait que Théo était marié. Elle avait vu Jeannine passer à cheval, elle l’admirait. Elle craignait de lui faire de la peine. Il a fallu qu’elles aient, sous un prétexte ou un autre, une longue conversation au té-