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marie le franc

celle qui comprend toutes les délicatesses. Après, elle rangera un tiroir, ou descendra au sous-sol, à la chambre des malles — elle habite une de ces heureuses maisons sans concierges, et l’homme de fournaise ne vient que le jour — pour retrouver une série d’Illustration d’il y a dix ans. Il lui semble que dans la pièce donnée ce soir par la troupe Gémier au Majesty, il y a des coupures.

Théo entre. Il a les yeux fous, des traits creusés. Le pesant policeman le suit. C’est un des admirateurs de Jeannine. Il arrête le trafic quand elle traverse à cheval le Crescent. Il a l’air de lui ramener un petit garçon égaré au retour de l’école, mais un petit garçon qui n’a rien de penaud dans l’expression. Théo dormira dans son ancienne chambre. Jeannine prépare son lit. En attendant, Théo se dégonfle, et le policeman, assis devant un verre de bière glacée, l’écoute avec sympathie. Ils en savent autant l’un que l’autre sur Bobette, qui est en bons termes avec la police. Dans cette affaire, c’est, d’après le policeman, Théo qui a tort. Il occupait une chambre chez Bobette. Il était considéré comme un pensionnaire. Il avait ses entrées à toute heure du jour, il avait même sa nuit. Il a voulu outrepasser ses privilèges qu’il appelait des droits, donner un coup de balai, travailler au relèvement moral de Bobette. Il a fait des scènes. Bobette déteste le scandale. On la respecte dans le