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visages de montréal

Lui, hausse les épaules, allume une cigarette.

— Et n’oubliez pas mon chèque, vous êtes en retard ! lui crie Jeannine au moment où il referme la porte.


Elle fait sensation quand elle descend la rue, l’après-midi, en costume de cheval, pour aller à l’écurie. La toilette et le lunch, le téléphone, l’échange de considérations générales sur la vie avec la femme de ménage ont pris son temps. Elle est tout juste habillée pour quatre heures. Elle a l’impression d’être extrêmement occupée, bousculée, comme elle dit. Elle sait qu’on tient son cheval prêt pour quatre heures et elle n’aime pas faire attendre, car elle a de la considération pour les garçons d’écurie. Les gens pour qui elle en éprouve sont peu nombreux. Il y a des catégories entières qu’elle tient pour suspectes, en particulier le consul et son consulat, — excepté, peut-être, le dernier des scribes, — les attachés commerciaux, la clique des professeurs. Les artistes, principalement ceux de théâtre qu’on rapatrie en troisième classe, ont sa sympathie ; les faux ménages, les femmes sur le bord de l’aventure et du malheur excitent en elle une curiosité bienveillante.

Donc, Jeannine descend la rue. Depuis que Nanki est vieille et paresseuse, elle ne la suit plus à