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passés à Montréal, parmi les siens, seraient salutaires à Annabel.


Les nouvelles que j’eus ensuite vinrent de l’hôpital. Une infirmière téléphona, de la part de Mrs Kentfield, pour m’informer d’une voix brève qu’elle était au Royal Victoria, et me donna le numéro de sa chambre, dans l’aile réservée aux malades riches : le Pavillon Ross. Mrs Kentfield avait besoin d’un repos absolu, mais aussitôt autorisée à recevoir des visites, elle me le ferait savoir. Je n’eus pas le temps de demander d’éclaircissements : le message transmis, il n’y eut plus personne. Dans l’angoisse où nous laissaient Annabel et son énigme, je fus soulagée. Elle était entre des mains responsables.

Une semaine s’écoula. Il était vain de demander des nouvelles : Mrs Kentfield allait, selon l’invariable formule, aussi bien que possible dans la circonstance.

Enfin, un jour elle téléphona elle-même, d’une voix clarifiée, et nous prîmes rendez-vous pour le lendemain soir.

Un octobre sec et doré, avec des soirées coupées d’un souffle incisif, avait remplacé septembre pluvieux. Dans le parc de l’Université que je traversai, le vent faisait frissonner sur les pelouses l’ombre inquiète des arbres, et le long de la rue