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marie le franc

revues françaises et une rangée de robes qui veillent tout autour en capuces de cretonne ?… Quelle importance cela a-t-il ? L’homme passe son temps à vouloir pénétrer. Il bâille. Il secoue les épaules. Il en fait tomber les femmes et les problèmes. Ses mains ont du plaisir à trouver le fond de ses poches. Il ferait mieux d’aller se coucher. Encore une soirée de perdue ! Il a échappé à sa rigoureuse discipline : travail jusqu’à minuit. Les jeunes ont déjà bouclé leurs pardessus à ceinture, excepté le faux Lindbergh qui flotte un peu dans sa pelisse d’ours. Marie-Louise, le nez à terre, s’efforce d’enfoncer ses hauts talons dans de grosses chaussures fourrées qui la rendent chaque fois furibonde. L’amie lève vers lui ses yeux errants, son sourire tendre et moqueur. Sur le seuil, il se retrouve comme tout à l’heure, défait. Encore partir ! Il s’arrache à ce logis comme s’il contenait un pays qu’il n’aura pas le temps de voir. Il pose son chapeau de travers sur son front. Il revêt un pardessus qu’un de ces messieurs du comité lui a prêté, — le sien est dans la cale du Mégantic — un pardessus d’universitaire mesquin, un peu étroit pour lui et il laisse la ceinture pendre. Les deux femmes de nouveau l’encadrent. Pourquoi les camarades se tiennent-ils à distance ? Il ne dit plus rien. Il pense que tout est compliqué, excepté dormir. Il fait