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visages de montréal

monte les épaules ainsi qu’un col de fourrure et porte la main à sa gorge.

Lurcain s’échauffe malgré lui. Il sort de sa somnolence. Marie-Louise est épatante de toutes les façons. Intelligente, lettrée, artiste… Il s’émerveille de trouver dans la bogue blanche de ce pays ce brugnon de Provence. Il la regarde, assise en face de lui, en contrebas. La lumière éclaire la massive chevelure brune aux reflets fauves, le front poli, les joues en forme d’olives appuyées sur le menton fin, et surtout ces yeux étonnants. La couleur de sa peau l’intéresse. Il n’y a pas besoin de s’habiller avec cette sorte de peau. Nue, Marie-Louise serait encore chaste. Une peau qui a le velouté d’un fruit sur l’espalier, pense Duc. Comment fait-elle, dans ce pays si blafard, pour être si dorée ? On se la représente étendue sur une pelouse au soleil. Elle est habillée d’une petite robe de rien qu’elle a confectionnée elle-même, blanche, qui tient toute seule sur son corps élancé. Elle l’appelle sa robe de tennis. À son cou, collier de pierres du Niagara, lunaires, que sa peau anime. Elle pourrait en effet jouer au tennis avec cette robe, ou dîner chez sir Arthur. Pas de manches, naturellement. Les manches, s’il lui arrive d’en porter, lui font l’effet d’une maladie de peau : elle se gratte, puis va changer de robe.

Le fauteuil où elle est assise s’arrondit en ar-