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marie le franc

de grands efforts pour retrouver son chemin. La maison était à cinq minutes de là.


Une après-midi, je trouvai un traîneau de louage à la porte. Florence m’attendait, debout dans le vestibule, l’air d’un bel animal de race dans ses fourrures. Il faisait beau. Elle avait envie d’une promenade. Nous irions en dehors de la ville, et nous arrêterions en passant aux établissements d’un fleuriste au bord du fleuve. Elle voulait y acheter quelques pots d’azalées pour sa décoration de Noël et ces étranges swastikas rouge feu dont elle n’avait vu en ville que de trop maigres spécimens. Nous partîmes pleines d’espoir. Florence riait. Il y avait moins d’angoisse dans ses yeux, moins de nervosité dans ses gestes. Appuyée à la paroi du traîneau, elle remontait la couverture aux poils rudes jusqu’à son menton et on ne voyait d’elle que son visage tanné et rose, et l’éclat de ses cheveux au bord du petit tricorne de feutre. Elle aspirait l’air comme on respire un parfum.

Il y avait eu peu de neige jusque là, quoique ce fût la fin de décembre, et les routes étaient presque dénudées. Le traîneau glissait avec un bruit râpeux désagréable. À chaque cahot, Florence, au lieu de rire, faisait une grimace, fer-