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marie le franc

le colonel insiste pour vous accompagner. Infliger à Nanki les fatigues d’une traversée. Empaqueter, des mois à l’avance, les collections qui remplissent le sous-sol.

— Tout cela n’est pas sérieux, Jeannine.

— Pas sérieux ? Et la boîte ? La laisser aux mains de mon mari ? Huit jours après, les créanciers seraient dessus. Les petites gens qui ont prêté en confiance n’auraient rien du tout. Et Théo ? Croyez-vous que ses poules s’occuperaient de ses chaussettes et de sa laundry ? Et puis il serait capable de s’acoquiner avec n’importe qui.

L’autre ne sait plus quoi dire, ramène autour de son étroite personne et de ses arguments son manteau de satin noir, comme si elle refermait un ballot de marchandises méprisées. Loin de Jeannine, on lui donne tort. À ses côtés, on se tait. Jeannine ne lutte pas. Elle se met dans le courant des choses. Elle répète elle aussi en fermant les yeux : « Je glisse… »