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marie le franc

naux, les annonces, les photographies, les programmes de théâtre, les retailles de costumes, les chapeaux, les vieilles robes de soirée que lui envoie sa tante la préfète. Elle possède des tabliers bleus de cuisine et les tabliers blancs de femme de chambre qui furent dans son trousseau, quoiqu’il n’y ait plus d’espoir ni de cuisinière, ni de femme de chambre. Elle a gardé de ses cadeaux de noce une invraisemblable cafetière qui ressemble à un appareil de laboratoire, dont elle fourbit de temps en temps l’argenterie et qu’elle offre aux dames patronnesses des bazars qui n’ont pas sa sympathie. La cafetière est chaque fois laissée pour compte et retournée par la Canadian Transfer Co. On s’adresse à elle pour les renseignements les plus divers : elle fouille avec patience dans ses malles du sous-sol. Elle lit les journaux avec des ciseaux à sa portée : tel article peut intéresser celui-ci, telle nouvelle fera plaisir à celui-là. Au lieu de se déranger pour aller voir les gens, elle téléphone, assise sur sa chaise basse, Nanki à ses pieds. Elle peut bavarder une heure sans lassitude. Elle est peu susceptible d’amitié dans les circonstances ordinaires. C’est un sentiment qui la laisse froide. Elle aime ses amis en raison du dévouement qu’elle est appelée à leur témoigner et des services qu’elle leur rend. Ayez une crise de coliques hépatiques en pleine nuit, et agrippez-