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marie le franc

depuis des années et qui lui sont sacrées, et son état de noire mélancolie qui demande des heures entières d’immobilité à l’abri des rideaux tirés, qui lui ôte le courage de se lever, qu’elle traite comme une migraine à laquelle il faut donner le temps de passer. Cette existence qu’elle trouve bien remplie et bien réglée est menacée. Les affaires de Théo vont mal. Il s’est séparé de Germaine en gardant l’auto, mais il lui en rembourse le prix par petites sommes. Ils restent amis. Il a pris un appartement de garçon dont il a choisi les meubles en sa compagnie. C’est Germaine qui a piqué les rideaux et les coussins. Elle lui a dit d’emporter en partant l’aspirateur. Il ne veut pas que Jeannine lui fasse visite avant que tout ne soit complètement installé. Jeannine lui a prêté Julien pour brosser. Elle regrette qu’il se sépare de Germaine, avec laquelle il menait une existence régulière. Elle prévoit, à cause de cet appartement de garçon, toutes sortes de fantaisies. Monsieur s’offre tous les luxes et Madame est sans le sou !

Il faudrait donc, comme disent les vertueuses amies, chercher une situation. On lui met en tête que la sténographie mène à tout. Après de multiples enquêtes, Jeannine découvre à l’autre bout de la ville un petit monsieur entre deux âges, directeur d’un Business Course, qui lui donnera une leçon l’après-midi avant son cheval. Car il n’est