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marie le franc

tudes de Madame et a apporté les sels de lavande pour le bain, Julien qui a tiré de sa veste son carnet de banque et l’a oublié sur le lit, et le groom de l’écurie, habillé en monsieur, et la femme du cuisinier à qui on doit de l’argent, qui a amené sa petite fille pour la faire voir à Jeannine. Elle ne pouvait deviner que les enfants n’intéressent pas Jeannine, ni qu’à la fin de la visite, elle murmurerait à son mari que la crapaude était bien tannante.

Des boîtes de fleurs sont arrivées : celle de Bobette et celle du président des Four Horsemen l’une sur l’autre. Germaine, qui est vraiment pleine de tact, s’en est tenue à son offre d’hospitalité pour la chienne. Le notaire choisit ce moment pour soumettre une nouvelle proposition au sujet du garage, ce qui était le meilleur moyen de sortir la blessée de son apathie. Théo, qui est redevenu un mari tyrannique, a permis l’entrevue, à condition qu’il soit le porte-parole de sa femme. Le monde est plein de belles âmes. Jeannine, malgré ses balafres, ou peut-être à cause d’elles, est d’une émouvante beauté. Le vocabulaire sportif ne passe plus par ses lèvres sensibles : la chambre d’hôpital ressemble à l’infirmerie du couvent de Bruxelles. Le propriétaire de l’écurie fait prendre tous les jours de ses nouvelles. Jeannine fait prendre tous les jours des nouvelles du cheval blessé aux genoux.