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que le médecin ordonne qu’on l’éloigne. Jeannine est moins atteinte qu’on ne l’avait cru, mais le visage restera marqué à la paupière et aux lèvres, peut-être légèrement défiguré. « Qu’est-ce que cela fait ? » murmure-t-elle péniblement à ceux qui se désolent. Et elle ajoute : « Pourvu que la p’tite — tout le monde comprend qu’il s’agit de Nanki — ne reste pas seule trop longtemps ! » Théo se montre parfait. Il vient la voir à chaque instant, de jour et de nuit, et sa présence ne réussit pas à irriter les nurses, car il arrive que celles qui soignent Jeannine sont jeunes et jolies et Théo s’entend toujours avec les jeunes et jolies filles. Il est lui-même le meilleur infirmier qui soit, et il glisse avec des précautions infinies le chalumeau entre les lèvres déchirées. Il n’y a que lui qui ait la main assez légère et assez patiente pour démêler la pesante chevelure. Germaine a proposé de prendre Nanki chez elle. Jeannine est touchée. Mais elle craint un changement d’habitudes. Il vaut mieux que la p’tite reste à l’appartement. Théo a promis de lui acheter sa viande lui-même. Il lui fait faire sa promenade dans le campus tous les jours. Les visiteurs les plus hétéroclites se présentent à l’hôpital : le postman a demandé des nouvelles le premier. Et puis le plombier qui faisait des réparations dans l’appartement, la femme de ménage qui connaît les habi-