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marie le franc

à la disposition de Jeannine, pendant quelque temps, pour l’assagir. La première fois qu’on l’a sellé pour Bobette, c’était comme par hasard l’heure de sortie de Jeannine. Elle a trouvé Bobette à ses côtés, une Bobette pâle, qui contenait sa nervosité. Bobette n’est plus une étrangère depuis qu’elle a pleuré sur son épaule. Sans rien dire, elle a saisi la bride de son cheval, tout en maintenant le sien pour se faufiler entre les trams. Après, il était naturel de continuer ensemble. Jeannine a donné des conseils, si semblables à ceux de Théo. Aux moments périlleux, elle a crié de la même voix autoritaire : « Asseyez-vous ! » et Bobette dont la croupe semblait remonter vers les épaules, l’a laissé graduellement redescendre et reprendre contact avec sa monture.

Jeannine a aussi son idée. Théo, qui n’a pas de secret pour elle, l’a mise au courant de son projet d’exhiber Germaine au concours hippique pour faire enrager Bobette, ce qu’elle a jugé tout à fait croche. Cette pauvre Bobette s’était fait faire un costume épatant pour l’occasion : culotte et veste de drap blanc et redingote noire. Si elle persuadait à Bobette d’y aller tout de même ? Elle a un cheval magnifique, sur lequel elle fera de l’effet dans une course au trot, sans trop de risques de dégringolade. Jeannine est contente de faire enrager Théo à son tour, car il est dans une veine de folies,