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visages de montréal

visages rouges, des amazones en cheveux, des gens qui galopent comme si le feu était à Hill-Park.

Bobette passait aux côtés de Théo, droite, froide, distinguée. Mais elle tenait de lui toute son assurance. Théo, qui avait été brigadier instructeur au temps de son service militaire, l’avait dressée pour ces exhibitions dominicales dont sa vanité tirait profit. Il projetait même de la faire monter au prochain Horse show. Livrée à ses propres moyens, elle n’est plus, comme dit Jeannine, qu’un pauvre petit derrière en l’air. Elle eût bien fait la paix avec Théo, rien que pour reprendre ses promenades, mais elle sait qu’elle a été remplacée jusque sur Hill-Park et que son ancien ami est en train de former une nouvelle élève : Germaine Anquetil. Germaine est une froussarde, mais elle n’en montre rien pour ne pas déplaire au maître. Elle passe comme jadis Bobette : droite, froide, distinguée, à la française, et si elle n’était blonde, on jurerait que Théo continue à monter avec Bobette. Celle-ci les a rencontrés. Elle était à pied, accompagnée du major et elle est devenue blême d’humiliation à les voir passer. Théo à cheval reprenait tout son prestige. Si, pour les narguer, elle se montrait sur Hill-Park en compagnie de Jeannine, quel triomphe ! Elle a commencé par placer son cheval, une bête difficile, à l’écurie de la rue du Crescent et le patron a eu ordre de le mettre