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marie le franc

Alors, qu’il aille au diable ! Germaine le tiendra. Elle est sténographe à la Mutual : elle peut lui, donner des tips pour les bonnes affaires. Ils ont acheté ensemble le coupé Chevrolet. Théo s’arrange pour aller la chercher avec l’auto à la sortie du bureau. On les prend pour mari et femme. Quand elle passe la soirée chez sa mère, il a mission de promener le chien dans le campus de l’Université. Il entend de loin la voix de Jeannine. De sa laisse de cuir pliée en deux comme un fouet, elle menace les camarades qui approchent Nanki de trop près. Jeannine et Théo se rejoignent. « Tenez-vous donc droite, bougonne-t-il, vous avez l’air de marcher sur des œufs. » Au fond, il est très fier d’elle. Nanki se tient jalousement aux côtés de sa maîtresse, ignorant les amitiés de Peter. Au retour, Théo monte prendre des cigarettes qu’elle lui a roulées à la machine. Sa chambre est transformée en garde-robe : il y serre ses bottes de cheval, ses cravaches, son uniforme de sous-officier de cavalerie, ses malles, son kodak qui renferme les derniers clichés de Bobette dans l’intimité. Il en a déjà envoyé d’intéressants au major de Toronto. Quand il monte à cheval, c’est là qu’il vient s’habiller. Quelquefois, il accompagne Jeannine. Lorsqu’elle doit essayer une bête de mauvaise réputation, il la monte auparavant et la lui inter-