Page:Le Franc - L'âme maternelle - nouvelle canadienne inédite, Album universel, 8 décembre 1906.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

doit être enguirlandée d’amours et de roses d’argent plein, art nouveau, et le pyjama pâle remplacé par des déshabillés aux malines coûteuses, dernière importation d’Ogilvy. — Et au lieu de Jules, le commis-voyageur de Louise, qui sacrifie ses économies aux caprices de la belle, c’est le père Romieux qui paie les notes, le père Romieux, le faiseur d’argent, le banquier de ces dames, la tire-lire qu’elles vident sans cesse et qu’elles briseraient si elle ne donnait plus rien…

Et Jeanne ressemble à sa mère, et Paulette ressemblera à Jeanne, et je suis une vieille bête de ne pas comprendre cela…

Monsieur Romieux continuait ses moulinets de plus en plus menaçants avec sa canne, en tournant autour de la grande table centrale de la bibliothèque ; sa voix, de violente devenait exaspérée, son visage d’habitude placide, se colorait d’une flamme de colère.


Paulette s’était assise sur une chaise basse et le regardait presque craintivement.

Paulette s’était assise sur une chaise basse et le regardait aller et venir, presque craintivement. Eh quoi ! était-ce bien là l’avocat Romieux, le président de la Canadian Sundries Co., le brasseur d’affaires de première ligne, omnipotent dans ses bureaux, mais pauvre homme dans sa maison où il paraissait seulement aux heures des repas, penchant un long nez mélancolique au-dessus du napperon de Bruxelles qui marquait sa place à la table de famille, le balourd qui ne savait ni rire aux sail-