Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XVI


La mort joue un grand rôle dans la vie des vivants, en pays breton.

Chaque soir, après l’angelus, la cloche annonce les enterrements ou les services pour le lendemain. Les femmes qui à cette heure tricotent sur le pas des portes si c’est l’été, ne manquent pas de murmurer le nom du mort, d’une voix saupoudrée d’un peu de terre, hésitante dans le crépuscule. Si c’est l’hiver, et qu’on ignore ce nom, on ouvre le volet qui se rabat avec un bruit de couvercle, et on interroge, en se penchant, la maison voisine.

Elles n’ont pas le temps de se promener, de flâner ou de prendre du repos, mais leur présence aux enterrements est un devoir.

Le cimetière est le plus beau jardin du village, le parc public et sacré. C’est le dernier refuge de fleurs d’autrefois, incon-