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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

que Grand-Louis l’interrogeait du regard. Puis il se levait, venait vers elle avec une expression perplexe, et rassuré par son sourire il reprenait sa rigide rêverie.

Elle mit un album de photographies sur la table. Il contenait des vues de pays inconnus, des maisons trapues sous le revêtement des neiges, des toits de cuivre, de curieux clochers en spirales. Les mêmes paysages se répétaient à travers l’album, avec leur richesse végétale extraordinaire et le ruissellement de leurs eaux. En les re­gardant, on avait envie de s’étendre sur cette terre vierge et de savourer l’ombre, le silence et la fraîcheur mêlés. On sentait que l’homme devait faire corps avec elle. Et cependant, comme elle lui brûlait les pieds ! Comme il avait hâte d’aller grappiller ailleurs, dans les vignes ensoleillées du sud, parmi les rires clairs des vendangeuses, et de se griser de leurs chansons modulées par les siècles.

Rien ne frappait Grand-Louis. Il passait son doigt sur le papier, surpris qu’il fût lisse et luisant, et cette sensation s’inter­posait entre l’image et lui. Elle ne pourrait réveiller par là aucun souvenir.

Prise d’une inspiration, elle alla chercher dans un tiroir une collection de portraits,