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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

mot, le visage haut levé, les bras ballants à leurs côtés.

Le brouillard qui cachait le soleil semblait une accumulation de vapeurs et de parfums nocturnes dégagés de la terre. Quand il se dissipa, l’air, délivré de son poids, fut entraîné violemment dans le circuit des champs. Les poitrines s’ouvrirent.

À droite, vers la côte, s’élevait une sorte de tumulus géant qu’on appelait Le Petit Mont.

Elle le montra du doigt et ils obliquèrent dans sa direction. Ils marchaient mainte­nant l’un derrière l’autre à travers une lande courte aux pointe fines. Ève relevait sa jupe sur ses longues jambes musclées, et les jambes nues de Grand-Louis s’égratignaient sans qu’il s’en aperçût. Il s’élança le pre­mier dans le sentier tortueux qui montait jusqu’au sommet du tumulus, en la tirant par la main.

De l’autre côté de la route, on en voyait un semblable, mais plus élevé : Le Grand-Mont.

Chaque cône s’étayait sur une maçonnerie d’apparence gallo-romaine. Des ronces épaisses poussaient partout et les monticules formaient dans la campagne plate deux dômes de verdure.