Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Le toit en terrasse, déjà noyé, était comme un radeau sur la mer. La pluie glaciale de la gouttière lui mouilla le cou. Elle frissonna, rentra dans la maison avec le sentiment que personne n’errait par sa faute dans cette terrible nuit. L’émeute s’arrêtait au seuil, éteignait ses hurlements, laissait tomber ses torches. Au-dedans, l’icone con­tinuait à brûler.

Elle rangea les braises, reporta le bol à fleurs dans l’arrière-salle et se prépara à se coucher.

Tout à coup, elle songea qu’elle avait laissé là-haut la lumière aux mains de l’homme du rêve. Et ce tas de foin tout près ! Elle eut peur, reprit sa cape et se glissa le long de la maison.

Au haut des marches, la porte demeurait ouverte.

Il était couché par terre au pied du lit, et dormait, la tête sur son bras replié. La bougie brûlait sur la table, comme pour veiller un mort, et la flamme furtive tombait sur son visage paisible, sur le dôme puissant du front, les pommettes saillantes, les paupières bombées sur les larges yeux.

On sentait le vent tendu comme une corde froide entre la lucarne et la porte