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GRAND-LOUIS L’INNOCENT
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bras pendaient à ses côtés. La lande enca­drait un portrait immobile.

Il était vêtu d’une vareuse de pêcheur, aux manches trop courtes, d’un pantalon de toile descendant à mi-jambes. Il avait de longues moustaches d’un blond décoloré, des joues creusées, des yeux qui regardaient droit devant eux avec une grande simplicité, une face sculptée par le vent. Sa tête aux cheveux grisonnants et rejetés en arrière était découverte.

Quelques instants s’écoulèrent. La sur­prise clouait Ève sur le seuil. Le corps bardé de fer qu’elle avait eu brusquement tout à l’heure s’amollissait. L’apparition ne comportait aucune malfaisance.

Car c’était une apparition. Une sorte d’effarement passa dans le regard du vaga­bond, la haute silhouette qui remplissait le cadre de la porte tourna lentement sur elle-même, fut happée par la nuit, le vent recommença à faire son bruit de toiles secouées, gonflées et déchirées, Ève rentra.