Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
GRAND-LOUIS L’INNOCENT

dommage que le prêtre promettait de réparer aussitôt que le mauvais temps serait venu, et le retiendrait à son établi du presbytère, du moins il le croyait, ils ne grognaient pas trop. Il avait de la force à revendre, Monsieur Alain, et peut-être son service à l’église l’avait-il mis en retard ce jour-là, le pauvre !

Au retour, il rencontrait dans les sentiers le Grand-Louis qui rentrait aussi, portant son coffre à poisson en équilibre sur sa tête et qui se tournait de trois-quarts avec pré­caution, tout d’une pièce, se défiant de la bourrade que l’abbé ne manquerait pas de lui envoyer. Il fallait plier les jarrets, descendre le coffre, soupeser, palper, flairer la pêche.

Ils continuaient à se consulter pour les choses de la mer et il n’était point de jour où l’abbé ne traversât leur lande, et quand la marée ne permettait pas d’embarquer, ils s’assoyaient tous deux sur le banc de pierre, et leur conférence coupée par les coups de vents et les bouffées de leurs pipes valait mieux pour le Grand-Louis que les rêveries oisives.

Ève, de la fenêtre, approuvait.

Comme ils s’entendaient bien ces deux-là, celui qui avait appris le latin et celui qui n’avait pas lu les livres ! À les voir rire, elle constatait avec étonnement qu’ils devaient