Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXVI


Il eut un ami.

C’était l’abbé Alain, le vicaire.

Dans le pays, on avait de l’indulgence pour l’abbé. Quand on le voyait passer, sa barrette à la main, hâtant le pas, sa soutane toujours un peu crottée battant ses fortes jambes, chacun disait d’une voix placide : « Voilà l’abbé Alain qui va à la côte. » Sur le passage des précédents vicaires, le ton variait, suivant qu’on allât à la messe ou non. Et quand il s’agissait du curé, ces gens de mer, de langue alerte, trouvaient tou­jours à redire. Il parlait trop ou pas assez. Il était trop fier ou trop familier. On lui faisait un crime d’entrer dans la boulangerie choisir son pain lui-même. Le curé actuel soulevait le couvercle des paniers des fer­mières, au marché, et quand il n’achetait pas, bien qu’elles n’osassent rien dire, elles