Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Cette nuit-là, tout à fait rassurée sur son compte, elle dormit profondément. Une fatigue pesante faisait le tour de son sommeil. À travers le rideau de l’alcôve, elle sentit que le jour était levé, qu’il devait faire clair dans la grande salle, que Grand-Louis réclamerait son déjeuner.

À sa surprise, elle entendit aller et venir dans la cuisine. Un reflet de flamme claire passait par la porte de communication et une odeur de café frais lui vint aux narines.

D’un geste hâtif, elle noua ses cheveux.

Grand-Louis parut, portant avec précaution le bol à fleurs rempli jusqu’aux bords.

— C’est vous la malade…

Il tenait ses yeux fixés sur le bol qu’il lui tendait.

Malgré elle, elle songea que l’âme du Nord s’humanisait. L’intention la toucha jusque dans ses fibres profondes et en prenant le bol, ses mains se posèrent un instant sur celles de l’Innocent, et leurs regards se confondirent.

M. de Pontbihan venait assez souvent passer la soirée à la lande, et elle avait plaisir à causer avec lui. Tant qu’il s’en tenait à des sujets impersonnels, il était charmant. Mais il risquait de temps en