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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

de la lande commençait à exercer trop d’emprise sur elle.

Et de cette atmosphère, une vision émergeait, formidable, mais dont les brumes adoucissaient ce qu’elle pouvait avoir de primitif.

La fable avait son héros : Grand-Louis.

Longtemps, elle avait cru veiller sur lui avec un soin détaché. L’intérêt qu’il lui inspirait s’expliquait par le besoin d’une présence humaine.

Ils avaient vécu aux côtés l’un de l’autre. L’habitude de l’homme de rêve de lui saisir la main dans les moments d’inquiétude n’avait pendant longtemps éveillé en elle aucun émoi. Il s’était assis à ses côtés, au cours de tant de soirées, si près qu’elle sentait son haleine sur son visage, et elle avait paisiblement continué sa besogne.

Mais à présent…

Le soir où il était venu poser son front sur ses genoux, elle se souvint de la fièvre de ses mains à elle, torturées du désir d’emprisonner chaudement le visage, puis de descendre jusqu’à la colonne du cou, qui émergeait, droite et musclée, si douce aussi, du col de la vareuse. Elle se souvint de son désir de se pencher… Il aurait levé la tête…