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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Elle ne se découragea pas, recommença l’épreuve pendant des semaines. Elle fit venir un syllabaire somptueusement illustré dont il reconnut vite chaque image. Il disait avec sa joie d’homme-enfant à bien faire : « L, le loup, C, le chien, B, la brebis. »

Elle vit bien qu’il n’irait pas plus loin. Dès qu’on en vint à l’assemblage des lettres, le labeur précédent s’écroula.

Abandonnant la lecture, elle se mit à lui raconter les fables les plus simples à l’aide de ses images. Les jours où les phases principales du récit arrivaient jusqu’à son cerveau, il avait une manière étonnante de renverser les plus beaux arrangements.

— Alors la cigogne, à son tour, a invité le loup à dîner…

Il branlait la tête :

— Non, non.

— Je vous dis que si, Grand-Louis.

— Non.

— Mais pourquoi non ?

— Le loup a mangé la cigogne, après son dîner.

Elle riait de sa simple logique, étonnée qu’il en eût dit si long.

Puis elle essayait d’un autre mythe :

— « Entre les pattes d’un lion, un rat sortit de terre »…