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Quand le poignard est prêt, c’est venir le pousser :
Vous craignez seulement de vous éclabousser.

VIII


Pourquoi tant vous cabrer contre l’idolâtrie,
Qui brûle des humains aux dieux de la patrie ?
Chevaliers du Seigneur, n’avez-vous pas, chrétiens,
Vos fétiches de sang, tout comme les paiens ?
D’un monde émancipé décrépites barrières,
Quand donc fermerez— vous vos charniers judiciaires ?
Eh ! ne sentez-vous pas, qu’en plaçant, hors de vous,
L’être ignoble et passif, qui vous vend s6n : courroux,
Vous placez avec luï votre loi hors nature ?
Que la hache, à la fin, perde sa dictature !
Du temple social le dôme vieillissant
Se démolit lui-même, en se reconstruisant :
L’échafaud qui l’étaie est un poids qui l’écrase.
Gardiens de vos cités, qui tremblent par la base,
Vos gibets permanents font-ils fuir les forfaits ?
Leur nombre, tous les Jours, grossit sous vos arrêts :
Il croît par la terreur, que la Justice imprime ;
La rigueur de la perne est l’aliment du crime.
N’est-il aucun moyen propre à le conjurer ?
Ah ! du moins qu’on l’essaie, avant de l’assurer :
Et nos lois répondront, lorsque leur indulgence
Aura duré le temps, qu’a duré leur vengeance.