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les allées touffues des forêts, aux bords frais et ombreux des ruisseaux ; des fleurs à rompre vos corbeilles, si vous en avez pour les fleurs sauvages, qui souvent, je vous le jure, valent bien les fleurs civilisées ; et enfin, tout ce qu’inspire de recueillement à l’âme l’aspect d’une chartreuse délabrée blottie dans les broussailles. Si cela peut vous tenter, vous n’avez qu’à venir : et vous êtes sûre de me surprendre, quoique je vous attende toujours.

Walter Scott avait usé de ses privilèges de poète, pour s’emparer des restes de Melrose. Il les avait annexés à la couronne d’Abbotsford. Ces biens lui appartenaient en vertu d’un contrat passé par-devant Dieu : c’était un fief de son génie ; et, si vous avez lu le Lay du dernier Ménestrel, vous m’accorderez, je pense, que peu d’acquéreurs auraient pu les payer le même prix. Il en était le chantre et l’archiviste ; et, quand d’illustres visiteurs venaient lui rendre foi et hommage, il leur faisait, en poète et en propriétaire, les honneurs de son abbaye. Le Val ne vaut pas Melrose : je ne suis qu’un usurpateur, tandis que Scott était un maître légitime ; mais je vous promets d’être un guide aussi soigneux, de vous montrer mes catacombes sous toutes les faces, sans vous faire grâce d’un grain de poussière. Je vous les montrerai, le matin comme en plein jour ; et le soir, quand la lune viendra jeter ses franges de phosphore sur ces rideaux de pierre noircis les ans, je vous y conduirai, pour vous répéter sous les arcades du dormitorium… N’ayez pas peur de mes discours ! Je ne sais plus rien dire que des vers, et j’en sais de bien beaux sur toutes les reliques du moyen âge, les ta-