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de son vacarme, il existe, sur le sommet d’un coteau qui forme l’extrémité occidentale de la vallée de Montmorency, un hameau qui s’appelle Villiers-Adam. Ce village n’est pas très célèbre et n’est guère plus beau ; mais on découvre de ses hauteurs des points de vue merveilleux et une immense étendue d’horizon. La richesse du site, ou quelque autre raison que je ne connais pas, tenta la piété d’un prélat de Cîteaux, nommé Ansel de l’Isle, et l’an de grâce 1136, Louis VI dit le Gros étant roi, il y fonda, le 17 des kalendes de décembre, un couvent de son ordre.

L’abbé Ansel, qui croyait sans doute que la nature est religieuse, et que c’est prier Dieu que d’admirer ses œuvres, s’aperçut cependant bientôt que le luxe du paysage prêtait plus à la distraction qu’au recueillement, et il chercha au fond du val boisé de Notre‑Dame une position plus retirée, un désert moins mondain, où l’on pourrait admirer autant et prier davantage. L’ayant trouvé, il y bâtit, sous l’invocation de Notre‑Dame‑du‑Val, une somptueuse abbaye, qui subsiste encore. Il mourut avant de l’inaugurer, et les servants de saint Benoît n’y descendirent que vers 1160, sous la conduite de leur nouveau prieur, Thibaut de la Cour‑Dieu, qui prit le titre de premier abbé du Val. On en compte quarante‑cinq jusqu’à Jean de la Barrière, instituteur des feuillants et prédicateur renommé, qui fut le quarante‑sixième. C’est sous son règne qu’en 1611 cette abbaye fut réunie, tant pour la mense abbatiale que pour celle des moines, aux feuillants de la rue Saint‑Honoré.