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raient le même honneur, et auxquels on n’adresse pas le plus petit mot d’encouragement ; qui ne demandent qu’à s’éveiller, et auxquels personne ne tend la main pour les tirer de leurs fosses ! Je ne vous parlerai pas de la ballade, aux ruelles si chère, du rondeau, du virelay, de la villanelle ; mais pourquoi négliger l’ondoyante sestine, que nous recommandait Pétrarque ?

pourquoi dédaigner la glose, qui est à la poésie ce que les thèmes variés sont à la musique ? pourquoi… ? Mais, tenez ! je vous fais grâce du reste de mes questions, si vous voulez me répondre au sujet de l’héroïde. Elle est passée, plus passée que l’églogue, dont nul depuis Racan ne s’est guère occupé qu’André Chénier, le dernier frère de Théocrite. Je ne connais rien d’aussi mort que ce genre-là, de plus complètement enterré sous nos réquisitoires de collège. Eh bien ! cela m’indigne. Je ne lui vois aucune raison de mourir, sinon qu’il a tout ce qu’il faut pour vivre. Je permets à l’esprit d’avoir ses fantaisies ; mais je ne puis pas pardonner aux caprices de la sottise.

Vous ne vous attendiez pas à ce panégyrique ! Il y a pourtant longtemps, mon ami, qu’il se débat dans ma cervelle, et herche à faire explosion. Né à la fin du dix-huitième siècle, j’ai été élevé au bruit des louanges qu’on distribuait encore aux élégies épistolaires de sa fabrique. J’ai sucé, pour elles, l’enthousiasme avec le lait. Je n’avais pas dix ans, que je savais par cœur les confidences de Barneveldt à Truman son ami, par M.Dorat, un mousquetaire élève de Médée, qui a coupé