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DE L’INCONSTANCE EN AMOUR.


Le premier mobile de l’inconstance, soit chez les hommes, soit chez les femmes, ce n’est pas, comme on le croit communément, la coquetterie, l’ambition innée de vouloir plaire au tiers et au quart ; c’est tout uniment l’indigence d’esprit. Il faut être fabuleusement spirituel pour avoir de la constance, et il n’y a rien de plus rare que de l’être un peu. Il est possible que l’esprit coure les rues, mais personne ne l’attrape ; et quant à moi, je ne l’ai jamais vu passer. En attendant que je l’atteigne, je maintiens tout haut que le caractère volage de nos affections accuse en général peu de ressources, peu de légèreté dans la pensée. Je soutiens que le cœur n’a des ailes que quand l’esprit a des pattes. Si ce paradoxe n’est pas clair, je vais essayer de papillonner pour l’éclaircir. Écoutez-moi seulement deux minutes : je veux tâcher d’être si leste que tout le monde pourra me croire fidèle.

II est reconnu, depuis La Fontaine, que l’amour se prend rarement par le cœur et souvent par les yeux : c’est souvent ce qui fait qu’il n’est pas plus durable qu’un regard. Vos miroirs, Mesdames, vous diront le contraire ;