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LE CHAMP DE BLÉ


D’UN ANTIQUAIRE.


Il y a environ deux mille ans, une colonie romaine des Gaules, établie sur les bords de l’Oise, perdit le plus illustre de ses membres, un prêtre de Cérès, nommé Julius Faber. J’ai tout lieu de croire que c’était mon grand-oncle, et je dirais mon aïeul, s’il eût été possible aux prêtres de Cérès d’avoir d’autres enfants que ceux des autres. Ingrate ou insouciante, l’histoire ne dit rien de ce célèbre pontife, rien de sa vie, et pas davantage de sa mort ; mais j’en ai trouvé des traces dans un livre qui les vaut tous, et qui renferme autant de mystères que d’oracles. J’ai appris là que le vénérable patriarche dont je me glorifie de descendre, était fort estimé de ses paroissiens, et qu’on lui fit des obsèques dignes de cette estime et de son rang. On mit dans son tombeau une faucille, une lampe, des gâteaux sacrés, des médailles, et un vase de terre qui renfermait du froment : puis, ayant scellé le cercueil, on y inscrivit son nom et ses qualités, pour l’édification du présent et l’instruction de l’avenir.