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n′en compte pas les perles. À une lettre déjà si longue, ce n’est vraiment pas la peine d’ajouter la table des matières qui ne s’y trouvent pas.

Quand vous aurez lu et admiré toutes ces merveilles de descriptions, vous vous composerez nécessairement de toutes ces images une sorte de monastère idéal, que vous brûlerez de visiter. Rien ne vous sera plus facile, car ces ruines de fantaisie qui vont se graver dans votre âme, ce sera précisément mon couvent, que je pétris dans mon imagination de toutes les manières imaginables, et dont je pourrais, si j’avais le loisir, vous faire plus de tableaux différents qu’il ne lui reste de pierres. Ce que seraient ces tableaux ! Il y a trois heures que je vous en parle pour ne pas vous le dire. Je vous renvoie donc à mon album, pour le savoir, aux vers de Jerningham, de Bowles, de Wordsworth, ou de Southey. J’aurais dû commencer par là ; mais il y a, vous le savez, des jours où il est impossible de faire ce qu’on doit. Aujourd’hui, par exemple, je devais, pour ma santé et l’hygiène de mon jardin, repiquer des giroflées qui eussent fleuri l’année prochaine, et je me suis amusé à semer des phrases qui ne fleuriront jamais. Que conclure de tout cela, Madame ? Que, si vous êtes aussi indulgente que je suis bavard, vous pouvez vous vanter de n’avoir pas votre égale sur la terre : et c’est ce que j’ai toujours pensé de vous… et de l’abbaye du Val aussi,

Avec laquelle j’ai l’honneur d’être, etc.