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dans la tragédie antique, reprennent un nouvel intérêt. Spécialement, les songes de nos tragédies classiques risquent moins de nous paraître désuets, depuis que la psychologie freudienne approfondit leur sens.

Racine et Shakespeare nous avaient déjà montré que dans le dialogue dramatique les propos s’enchaînent moins suivant une convenance extérieure et éloquente que selon une loi de logique vitale ; les personnages doivent répondre, comme dans la vie, aux intentions qu’ils saisissent ou à leurs propres sentiments. Cet apparent désordre est l’ordre même.

Enfin, en dehors des procédés particuliers de la psychanalyse, l’idée de l’interprétation (tout l’art du psychanalyste est là) est extrêmement féconde. La fausse interprétation des symptômes peut donner des résultats tragiques (c’est Lear), ou comiques (c’est Orgon). Lear et Orgon font de la mauvaise psychanalyse. Mais il est un cas où la fausse interprétation peut être accueillie volontairement ; elle est, alors, généralisée et généralisante ; elle constitue un procédé poétique de déformation ; et je m’en voudrais, à ce propos, en le remerciant de son hospitalité, de ne pas rappeler que Franz Hellens, dans ses Réalités fantastiques — si curieuses au point de vue de la technique du récit — nous a présenté un système poétique d’interprétation du réel et de l’homme qui ne doit rien à l’influence de Freud mais à la lumière duquel il nous paraît doublement original.

Nous sommes loin d’avoir esquissé les ressources littéraires de la psychanalyse. Mais nous voulions